Attente et angoisse, P.O du KERFENT mai 1940

 

L'équipage de l'ouvrage du Kerfent, ouvrage qui était codé "A.34" dans les états-majors, passa sa période de mai 1940 à l'écoute des "mauvaises nouvelles" transmises par la radio. Depuis le 10 mai, les hommes (les officiers surtout) suivaient anxieusement les avancées de l'ennemi dans le Nord, et notaient sur une carte de France les différents points atteints par la Wehrmacht.

Un avion de reconnaissance allemand "Henschel 126" survolait régulièrement le secteur fortifié sans être inquiêté par la chasse française qui avait déjà disparu de ce théâtre d'opération. Approchant rapidement de Paris, l'ennemi se retrouvait soudainement sur les arrières de la ligne Maginot !

L'état-major, qui avait épuisé ses meilleures réserves dans d'infructueux "colmatages" du front, se retrouva brusquement à court de réserves. On puisa donc dans les armées de l'Est, qui montaient en vain la garde sur les fortifications Maginot, et on retira ponctuellement les divisions d'infanterie qui couvraient les avants postes des différents secteurs fortifiés.

Les unités allemandes protégeant la ligne Siegfried s'avancèrent à la suite des divisions françaises qui se retiraient. Fin Mai, les Wehrmacht était à Saint-Avold et Longeville-lès-St.Avold: les ouvrages étaient maintenant directement "au contact" avec l'ennemi. De l'observatoire cuirassé du Kerfent, on pouvait voir des véhicules allemands circulant sur les routes maintenant abandonnées par l'armée française.

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Le drame de l'ouvrage de LA FERTE

Les hommes du Kerfent apprirent dans la foulée (et la propagande allemande s'en donna à coeur joie) que l'ouvrage de LA FERTE, situé à l'extrémité Nord de la ligne Maginot (S.F de Montmedy), avait été pris et que la totalité de son équipage a péri asphyxié au fond, dans les galeries de l'ouvrage, pilonné par l'artillerie allemande et investi par l'infanterie d'assaut de la Wehrmacht. L'information étant relativement confirmée par le commandement français, le moral de l'équipage du Kerfent "en prit un coup"...

Dans leur conception, les blocs de combat du P.O de La Ferté étaient similaires à ceux du Kerfent, l'ouvrage était légèrement plus petit (2 blocs seulement) mais bénéficiait des tirs de l'artillerie du gros ouvrage du CHENOIS (tourelle de 75mm qui tira plus de 4000 obus pour soutenir le P.O attaqué)

Les équipages commencèrent à douter soudainement de leurs systèmes de ventilation et d'aération. Les galeries, enterrées à une trentaine de mètres sous terre, nécessitaient un renouvellement de l'air quotidien. Les "aspirateurs d'airs" (cloches champignons) apportaient l'air necéssaire aux ouvrages, mais les systèmes de renouvellement d'oxygène seraient-ils suffisants lorsque l'ennemi se présentera ?

Au Kerfent, on se souvient aussi avec angoisse de cette nuit d'hiver pas si lointaine, où un réchaud à gaz mal éteint manqua de provoquer la catastrophe: le gaz se propagea dans un bloc 2 et quelques hommes s'évanouirent. Enfin, une sentinelle "ne voyant pas son café venir" arriva à donner l'alerte. Des ambulances emportèrent les hommes à Metz...

("le béton sera votre tombeau" affirmaient les Allemands...)

 

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