On insistera jamais suffisament sur le fait que ces combats contre le Kerfent ont lieu au moment où les deux camps attendent l'armistice. Tous les protagonistes attendent une fin des combats qui s'annonce imminente selon la radio; on se demande pourquoi on se bat alors que tout sera fini dans quelques jours, voire peut-être même quelques heures !

 

La destruction des blocs:

Le bloc2 est maintenant martellé par le canon de 88mm placé dans l'allée forestière, l'infanterie de la 3 Kompanie s'approche par petits bonds des barbelés autour du bloc.

Au bloc3, qui est abandonné, des explosions retentissent: le FLAK de 88mm qui est resté devant le Bambesch a repris ses tirs. Un stock d'obus anti-chars de 47mm prend feu et provoque de terribles explosions dans la chambre de tir. En dessous, dans la galerie, l'équipage, qui perçoit les explosions, voit là les préparatifs de l'assaut allemand: les hommes sont persuadés que les assaillants lancent des explosifs dans les escaliers et vont lancer un puissant assaut dans l'ouvrage !

L'arrivée de ces nombreux obus provoque dans le P.O l'émotion dont on se doute. Chaque coup arrache du béton et fait trembler les blocs, même la galerie vibre, à 32 mètres sous terre ! Les officiers sont très inquiêts, si le bloc2 tombe, les Allemands contrôleront les deux seules issues du Kerfent, l'équipage sera enfermé dans les galeries avec tous les risques que cela implique (on se souvient du sacrifice des hommes de La Ferté...)

 

L'attaque du 339 I.R contre le Kerfent est bloquée !

Mais le major Gollé aussi est très inquiêt: son offensive contre le Panzerwerk 240 n'est pas vraiment une réussite, le bloc2 résiste et les tirs clouent au sol les hommes de la 3.Kompanie qui n'arrivent pas à s'en approcher. Quelques uns de ses fantassins sont blessés et empêtrés dans le réseau de barbelés, ils hurlent et on ne peut rien faire pour eux. L'effet est très démoralisant. L'oberleutnant Mehnert parvient soudainement contre le béton de l'entrée du bloc avec quelques hommes, mais aucun d'eux n'a d'explosifs; ils jettent des grenades à manche dans le fossé diamant pour tenter de d'impressioner les défenseurs. Les jumelages de mitrailleuses et les fusils-mitrailleurs français continuent à défendre rageusement les approches du bloc, et le FLAK de 88mm ne tire plus pour ne pas toucher les hommes de la 3.Kompanie qui sont collés à l'ouvrage...

Selon les rapports de la 167 I.D, en quelques heures, le 339e régiment a utilisé devant le Kerfent plus de 28500 cartouches, 760 obus de 37mm et 250 grenades (sans parler des obus de 20, 37, 88, 105 et 150mm de l'artillerie!)

Pour le major Gollé, il est évident que l'attaque est un échec. Aux vues des pertes ( quatre tués et plus de 25 blessés, dont l'Oberst Von Lichenstern), il envisage donc avec ses officiers de stopper l'attaque et de faire revenir ses hommes à l'abri du bois d'un moment à l'autre ("ces Français-ci sont trop obstinés...") !

 

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