Tout comme le PO du Mottenberg, la casemate sud était intégrée au secteur fortifié de Faulquemont de 1935 à 1939, jusqu'à la mobilisation. Le sous-secteur de Narbéfontaine (160e RIF) passant finalement sous un autre commandement, elle dépend du SF de Boulay à partir du 20 septembre 1940.

En mai-juin 1940 la casemate sud était commandée par le sous-lieutenant KLEIN (du 160e RIF). L'équipage comprenait environ 16 hommes.

Le 14 juin, les troupes d'intarvalle se replient, l'équipage de la casemate se prépare à évacuer à son tour le secteur à partir du 15 juin. Le colonel Cochinard (chef du SF Boulay), donne finalement le contre-ordre et précise "de se défendre sur place sans esprit de recul*!"

*Contrairement au SF de Faulquemont, où l'ordre d'évacuation des casemates est maintenu.

Le 21 juin, l'ouvrage du Kerfent est attaqué par l'arrière. Des canons de 37.PAK allemands s'en prennent à la casemate sud, qui effectue de nombreux tirs d'appui dans les bois où évoluent les assaillants. La tourelle de mitrailleuses du Mottenberg (bloc3) participe elle aussi à la tentative de défense du Kerfent... bientôt, l'élan de l'ennemi vacille. Mais vers 10h, le Kerfent (massacré par l'artillerie) se rend.

Avant de se rendre, le lieutenant GANGLOFF (officier en second du Kerfent) téléphone aux officiers du Mottenberg et au sous-lieutenant Klein, leur demandant de suspendre leurs tirs pendant 15 minutes pour permettre l'écavuation du Kerfent. Ensemble ils conviennent que "la casemate sud et la tourelle du bloc3 reprendront les tirs aussitôt après".

Le feu cesse, l'équipage du Kerfent sort et se regroupe sur la place d'armes, les assaillants profitent de ce répit pour installer un canon de 88.FLAK devant l'ouvrage capturé, pour s'en prendre ensuite très certainement à la casemate sud.

10h15: la longue colonne de prisonniers du Kerfent vient juste de s'engager dans "l'allée forestière" quand la tourelle de mitrailleuses du bloc3 et la casemate sud du Mottenberg ouvrent le feu: c'est le carnage devant le Kerfent !

En quelques minutes, le Kerfent est vengé.

Les officiers allemands seront contraints d'utiliser les lignes téléphoniques capturées pour demander aux officiers du Mottenberg et de la casemate-sud de suspendre momentanément leurs tirs, afin d'enlever leurs nombreux blessés et leurs morts. Consulté, le colonel Cochinard (chef du SF de Boulay) acceptera leur demande.

Suite à cette belle vengeance, les Allemands se ressaisissent et font donner l'artillerie. Les canons de 37.PAK et de 20.FLAK sont installés dans le bois de Kerfent et ravagent le créneau sud de la casemate, la cloche pour jumelages de mitrailleuses est endommagée par un coup direct qui démolit l'arme.

Bientôt, les canons de 105mm entrent en lice, provoquant un véritable carnage dans le béton de la casemate sud. La porte blindée d'entrée, orientée vers l'arrière, est massacrée par des obus antichars et l'équipage doit obstruer le couloir d'accès de la casemate avec des des armoires, des sacs...

Le 22 juin, les tirs reprennent. Bientôt, la chambre de tir "sud" (armes démolies, créneau béant) est évacuée, les hommes se réfugient dans la chambre nord. Un coup au but démolit la bouche d'aspiration d'air.

Le 23, l'approche de quelques soldats allemands est repoussée par les tirs de la tourelle de mitrailleuses du bloc3. La casemate peut maintenant difficilement se défendre seule, ses armes étant démolies. A l'intérieur, on observe peu de dégâts (l'artillerie ennemie ne ravage que le béton à l'extérieur) mais le problème de l'aération endommagée oblige le sous-lieutenant Klein à se montrer vigilant. En outre, les tirs de 105mm provoquent de sourdes vibrations, un bruit assourdissant et perpétuel atténuant d'autant le moral de l'équipage...

Le sous-lieutenant téléphone donc au capitaine Cloarec (Mottenberg), lui demandant l'autorisation d'évacuer et de rejoindre le PO. L'évacuation est accordée, l'équipage laissera tourner le moteur diesel pour faire fonctionner les lumières et donner l'impression que la casemate est toujours occupée.

La nuit venue, les hommes évacuent, deux par deux, en passant par les créneaux de la chambre de tir nord (une planche a été disposée au dessus du fossé diamant). Le groupe de tête coupe le réseau de barbelés et les hommes se regroupent devant le bloc1 du Mottenberg.

Le lendemain, le capitaine Cloarec leur déclarera qu'ils seraient tous cités pour leur belle résistance*

Jusqu'à l'armistice, l'artillerie allemande s'acharnera sur la casemate sud, ignorant le repli de son équipage.

*les soldats de la casemate sud ne seront jamais récompensés, malgré les promesses...